Le nom de Moïse Jean-Charles continue de susciter de vives réactions. Pour certains, il demeure un symbole de résistance populaire. Pour d’autres, il incarne les contradictions d’une classe politique haïtienne prisonnière de l’opportunisme et de la duplicité.
Optimiste.Info, 21 août 2025.Ancien sénateur du Nord et leader du parti Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles s’est longtemps posé en défenseur d’un nationalisme radical, dénonçant à grand renfort de discours l’ingérence étrangère et la corruption des élites économiques. Cependant, derrière cette posture de tribun enflammé, ses agissements laissent planer de sérieux doutes quant à la cohérence de son engagement.
Ses nombreux revirements, ses alliances contradictoires avec des figures politiques qu’il fustigeait la veille, ainsi que son silence sur des dérives qu’il dénonçait autrefois, nourrissent une perception grandissante : celle d’un acteur politique davantage guidé par le calcul que par les principes. Certains dénoncent un « populisme à géométrie variable », où les convictions s’effacent dès que l’opportunité politique le demande.
La dernière controverse en date renforce cette impression. Alors que le pays s’enfonce dans l’insécurité et que des quartiers entiers tombent sous la coupe des gangs, Moïse Jean-Charles brille par son absence lors des récentes mobilisations citoyennes. Celui qui se proclamait jadis « porte-voix des oubliés » reste aujourd’hui silencieux, au grand dam de nombreux partisans qui crient à la trahison.
Et pourtant, il est récemment réapparu à Delmas 47, annonçant une mobilisation prochaine contre un pouvoir… dont il fait lui-même partie. En effet, plusieurs ministères, dont celui de l’Agriculture, sont sous contrôle de ses proches — même si cela n’est jamais officiellement reconnu. Ce double-jeu nourrit l’exaspération : comment appeler à renverser un régime qu’on contribue à maintenir ?
Après plus de deux ans à siéger dans l’appareil gouvernemental, Moïse Jean-Charles menace aujourd’hui de descendre dans la rue, sans expliquer clairement les raisons de ce revirement soudain. Beaucoup y voient une réaction précipitée face au remaniement ministériel annoncé sous la houlette du nouveau coordonnateur du CPT, Laurent Saint-Cyr. La peur de perdre ses postes semble l’emporter sur l’intérêt national.
Moïse Jean-Charles : militant sincère ou stratège rusé ?
La question reste entière. Ce qui est certain, c’est que son parcours illustre les dérives d’une scène politique haïtienne où l’éthique et la transparence sont souvent sacrifiées sur l’autel des intérêts personnels.
La Rédaction